EN CE TEMPS LA


A l’intention des copains qui ont travaillé à l’AIA n°3 CASA. Ce poème de “LUCIEN”, que je ne connais pas, et qui m’est parvenu par le “net”, leur rappellera de bons souvenirs, du moins je le pense. Gilbert SCHKROUN - promo 1949-1953


Quand tu retrouveras au cœur de ta jeunesse
Le chemin d’Aïn Diab, corniche enchanteresse,
Souviens-toi du ciel bleu, du bon temps du Lido,
Des rues fleuries d’Anfa…d’un slow au Calypso.


Rappelle-toi des vagues aux écailles d’argent
Où l’ardeur de l’été s’abreuvait lentement,
Des plaisirs innocents de l’enfant insoucieux
Aux émois de la chair du jeune affectueux.
Demeurant l’immortel témoin et confident
D’une âme romanesque et d’un amour naissant,
L’album des souvenirs, jaloux de ses secrets,
Renferme des clichés qui hantent le passé…


Qu’il fait bon écouter ce quintette mythique
Qui ravit notre temps au gré de sa musique !
Nous n’avions pas seize ans, pas plus que la sagesse
De ne pas nous griser de nos folles promesses.
La timide passion, bercée par Only you
Dans nos mœurs ingénues des premiers rendez-vous,
S’enhardissait avec les dernières mesures,
Des gestes maladroits d’une étreinte immature…


Nous vivions au pays des belles traditions
Dans le profond respect des nobles convictions,
Sans affront ni l’effroi des ferveurs éperdues
D’un Islam excessif, jusqu’alors inconnu.
Et de Verlet Hanus à Saint François d’Assise,
De l’ancienne mosquée au temple ou à l’église,
Que l’on portât l’étoile, un croissant ou la croix,
L’amour et l’amitié triomphaient de la foi…


Mais le rêve s’éteint, une vive fraîcheur
Pénètre dans mon corps sans refroidir mon cœur.
Je frissonne soudain et réprime un sanglot ;
Le ciel se couvre, il pleut sur la rue Berthelot…

Lucien