APRES L'ECOLE, MES  RENCONTRES AVEC D'ANCIENS ELEVES. 
        
        
        
      A l'issue de ma scolarité à Cap  Matifou, je reçus une affectation pour l'AIA de Blida. Je débutais donc, le 4  septembre 1961, à l'atelier électricité de bord, dirigé par Monsieur Sanchez  qui, comme moi, habitait Hussein-dey. Tous les matins, il fallait se lever à 5  heures, sortir dès la fin du couvre feu pour prendre, à 6 heures, le car de  l'usine afin d'être à 7 heures à Blida pour la prise de travail. Après quelques  mois au sein de l'établissement, je fus rejoint dans mon service par Lucien  David (promo 54-58) qui venait d'en terminer avec le service militaire.  C'était le premier camarade que je rencontrais depuis ma sortie de l'école. 
      Malheureusement, l'accélération  des évènements en Algérie fit que le sursis dont je bénéficiais, pour quelques  temps encore, fut supprimé. Je  fus  convoqué, le 13 juin 1962, au matin, avec d'autres garçons de mon âge, au camp  militaire du Lido, pour rassemblement avant transfert en Métropole, en  exécution de l'ordonnance n° 62574 du 17 mai 1962. Après comptage, nous fûmes  entassés dans des GMC à destination de l'aéroport de Maison Blanche où un DC 6 de  la compagnie TAI nous attendait pour nous conduire à Paris. 
      Nous effectuâmes le trajet entre  le Lido et Maison Blanche sous la protection d'autos mitrailleuses. De l'une d'elles  émergeait la tête de notre camarade Zemmour (promo 58-62) qui faisait  partie de l'escorte. Le long du parcours, nous traversâmes les villages sous  les quolibets et les insultes de jeunes Algériens, certainement très heureux de  nous voir déguerpir définitivement. 
      Le voyage en avion dura quatre  heures sans problème particulier. Nous atterrîmes, en début de soirée, à  l'aéroport du Bourget où  un comité  d'accueil pas très sympathique nous attendait. Nous débarquâmes, comme de  vulgaires terroristes, entre deux rangées de CRS mitraillettes au poing. 
      Dès la descente de l'avion,  l'affectation au sein des différentes unités s'effectua sans attendre. Pour les  réservés Air, dont je faisais partie, trois destinations étaient  proposées : Doullens dans la Somme, Romilly dans l'Aube et enfin Villacoublay  dans la région Parisienne. L'ordre alphabétique décidant de la répartition, je  me retrouvais, avec quatorze autres compagnons, dirigé vers la base aérienne 107  de Villacoublay. 
      Sur les quinze, nous étions sept  de l'ENPA : Oualid, Testa, Villalonga, Vidal, Meyer, Tochon qui  appartenait à l'équipe des apprentis, et moi-même. Après un séjour de trois  jours à la base aérienne de Dugny, on nous transféra vers Villacoublay. Nous  démarrâmes aussitôt nos classes au GLAM (Groupement de Liaisons Aériennes  Ministérielles). Après le drame que nous venions de vivre, on fit tout pour  nous rendre la vie agréable au point de placer notre instruction sous la  responsabilité d'un officier Pied Noir, le Capitaine Françon. 
      Le 5 août 1962, l'ordonnance  62908, nous offrit la possibilité de quitter provisoirement l'armée pour  récupérer nos sursis afin de poursuivre nos études. Oualid, Testa,  Villalonga et Vidal profitèrent de cette aubaine pour retourner à la  vie civile. Meyer, Tochon et moi décidâmes de rester jusqu'à la fin de  notre service actif.  
      A la fin de mes classes, puis de  mon peloton, je quittais le GLAM pour rejoindre, à l'autre bout de la base, le  service infrastructure qui dépendait du bataillon. Au bataillon,  le Lieutenant de discipline se nommait François  Chabout (promo 53-57). Quelqu'un se chargea   de lui signaler que j'étais, comme lui, un ancien élève de l'école de  l'air. 
        Nommé dans un premier temps  caporal, on me désigna comme chef de chambrée. Un jour, Chabout, passant  notre chambre en revue, me déclara : « ici c'est comme chez  Mandrillon ». Plus tard, il me fit une remontrance, sans punition, pour  avoir omis de le saluer dans la cour de la base. J'aurai, quelques années plus  tard, l'occasion de le rencontrer dans un train de la banlieue nord. Il avait  quitté l'armée. 
      Vers la fin de mon service, je  commençais à me préoccuper de mon avenir professionnel. Mon ancien camarade de  promotion et d'Hussein dey : André Saintès, avec qui j'étais en  relation, me conseilla d'écrire chez Matra où il venait d'être engagé. Je  suivis  son conseil et j'obtins un engagement  d'embauche. Mais, j'avais dans le même temps une opportunité d'entrer à  Sud-Aviation. C'est finalement la distance lieu d'emploi - domicile qui fit  pencher la balance en faveur de Sud - Aviation. 
      Je débutais donc, le 18 novembre  1963, à l'usine de Courbevoie qui était spécialisée dans la fabrication des  corps de rentrée pour la future force de frappe. L'usine possédait des bureaux  d'études, des laboratoires ainsi que des ateliers de fabrication.  Je fus affecté au laboratoire thermique où  j'eu la surprise de retrouver, dans le bureau voisin du mien, Alain Niéto. 
        Le midi, à la cantine, nous  déjeunâmes  tous les jours côte à côte,  jusqu'à son départ de la société à la fin des années soixante.  
      Quelques mois plus tard, nous  fûmes rejoint dans le service par Roland Salva. Au département  production, il y a aussi Philippe Avrial. A Suresnes, Jacques  Bodeving et Marcel Zerbib complétaient l'équipe de l'ENPA. A cette  époque, Courbevoie et Suresnes étaient deux établissements distincts formant  une seule entité administrative jusqu'à leur séparation intervenue en 1965. 
      Entre temps, je me maris fin 1964  et les week-ends nous nous réunissons avec quelques couples d'amis Algérois  parmi lesquels figurent Noël Dahan et Louis Baptiste. 
      En 1970, Sud Aviation devient  l'Aérospatiale par fusion avec Nord Aviation et la SEREB. Les rumeurs de  concentration et de délocalisation se font jours et vont être rapidement  suivies d'effet. L'usine de Courbevoie est fermée et le personnel restant  dispersé entre les différentes entités du groupe. Salva part en  Angleterre suivre le développement du programme Concorde, Bodeving est  muté à l'usine de Nantes et Zerbib est vendu avec son département à une  société extérieure de télécommunications. Début 1973, je me retrouve donc seul  en partance pour Suresnes où je vais rester 26 ans jusqu'à mon départ en  retraite. 
      A Suresnes, je suis affecté au  Laboratoire Central qui dépend de la Direction du Contrôle Qualité. J'ai la  surprise de revoir André Prévost, notre ancien moniteur d'ajustage qui  s'est reconverti au tournage dans l'atelier du laboratoire. Dans l'usine, le  secrétaire du comité d'entreprise se nomme Claude Béguelin. C'est un  personnage important. Egalement secrétaire du comité central d'entreprise il  est l'interlocuteur privilégié des différents PDG.  
        Il quittera la société vers la  fin des années soixante dix pour devenir permanent syndical et j'apprendrai,  beaucoup plus tard, à la lecture du journal de l'ENPA, qu'il était un ancien  élève de l'école. 
      Au laboratoire central, il existe  un service travaillant sur la boulonnerie aéronautique. Jacky Ordinès,  mon ancien pion,  lui rend fréquemment  visite puisqu'il est directeur technique d'une société de fabrication  d'éléments de fixation. Nous profitons de chacune de ses visites pour parler de  l'école et il sera le premier à me signaler l'existence d'une amicale d'anciens  élèves dirigée à l'époque par Amate. 
      Les années  passent, je revois régulièrement Salva,  qui est maintenant à Toulouse, au cours de nos déplacements respectifs. Au  début des années quatre vingt dix, l'idée d'un nouveau supersonique ressurgit.  J'ai, dans le passé, travaillé sur les études matériaux Concorde. Je fais donc  partie de la délégation reçue au Ministère de l'Air pour discuter des études nouvelles  à entreprendre. La réunion est dirigée par l'Ingénieur Général Auvinet que j'aurai l'occasion de revoir, à Suresnes, peu de temps avant mon départ,  pour échanger quelques mots sur l'école. 
      Fin avril 1999, grâce à une grève  de la SNCF, je rencontre, sur le quai de la gare de Saint Cloud, mon ancien  camarade de promotion et d'Hussein dey  Robert  Triay. C'est par lui que j'apprends l'existence de l'Amicale. 
      Enfin, mes activités de webmaster  du site de l'Amicale des Enfants d'Hussein-dey me permettront de reprendre  contact avec Gilbert Ripoll, né dans le même immeuble que moi, 22 bis  rue de Constantine à Hussein dey, à quelques années d'intervalle. 
            
    Gilles PONS (Promotion 56-60)   |